Des ailes et des racines

Je suis née d’un combattant. D’un père qui a traversé la mer de Chine dans une embarcation grande pour 8 personnes, mais occupée par 19. Celui-là même qui m’a appris que la peur n’est qu’une illusion. Il a donné des noms d’oiseaux à ses enfants, pour qu’il leur pousse des ailes, et il nous nourrit de son courage pour bien nous enraciner.

Les ailes et les racines.

Dans ce printemps bien unique, où la nature entière semble mieux respirer car nous y sommes moins, où la Terre nous demande de ne plus rien toucher ... on s’est enfin mis à mieux regarder, mieux sentir, mieux entendre, à mieux goûter. Dans ce printemps bien unique, on nous demande d’être courageux par des plumes et du savoir plutôt que des massues et des poings fermes.

Je suis née d’un combattant. D’un père qui a vu le soleil se lever devant des arbres solitaires abandonnés, devant ces maisons effondrées par la guerre. Celui-là même qui m’a appris que la force c’est aussi le courage de pardonner et de recommencer... toujours mieux. Il nous a appris à bien apprendre pour que nous n’ayons comme seuls combats que ceux de transformer nos mots en phrases et nos idées en briques et mortier.

Dans ce printemps bien unique, où la force est d’apprendre à aimer de loin, où de s’isoler nous permettra de combattre ensemble … on s’est enfin permis l’humilité de se repenser. Dans ce printemps bien unique, où on nous donne le cadeau de savourer notre vie sans fanfare, j’ai vu pousser les ailes de mon fils et ma fille.

Mes enfants sont descendants d’un combattant. D’un grand-papa dont l’ultime bataille est de s’ennuyer de ses petits-enfants.

Je te rassure papa, nos racines se sont bien multipliées